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Grand Ouest Ovosexage : « Un surcoût de 1,10 à 3,40 € par poulette »

Morbihan. S’il est d’accord avec l’arrêt du broyage des poussins mâles, Nicolas Quilleré ne peut pas en assumer le coût financier.

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Le 18 juillet, le ministre de l’Agriculture a annoncé mettre fin, courant 2022, à l’élimination des poussins mâles, par l’obligation de l’utilisation de l’ovosexage. Cette technique permet de détecter le sexe des poussins dans l’œuf, afin d’écarter les mâles. L’État a prévu 10 millions d’euros (M€) dans le plan de relance pour aider les couvoirs à investir, mais aucune compensation des frais de fonctionnement, chiffrés à 64 M€ par an.

Perte de marge brute

Si la profession ne remet pas en cause cette décision, elle se demande qui va payer la facture. « Pour l’instant, il existe deux méthodes (1), entraînant des surcoûts de 1,10 à 3,40 € par poulette selon la technique utilisée. Une poulette que j’achète 6 € aujourd’hui me coûtera 7,10 € ou 9,40 € selon la méthode et la génétique », explique Nicolas Quilleré, à la tête de deux poulaillers de 6 000 poules pondeuses bio chacun, à Pluméliau, dans le Morbihan.

Nicolas a fait ses comptes. « Selon la méthode utilisée, cela représenterait un coût de 13 000 à 40 000 € en plus à chaque renouvellement de cheptel », dit-il. Intenable pour cette entreprise, compte tenu de sa taille et du résultat dégagé (40 000 €).

Selon l’UGPVB (2), en système bio, la perte de marge brute serait en moyenne de 20 %. Elle pourrait monter jusqu’à 40 % en système cages. Pour l’éleveur, la seule solution est que ce surcoût puisse se répercuter en bas de facture jusqu’au consommateur. « Un surcoût de 0,4 à 1,2 centime par œuf. Soit 6 centimes pour une boîte de six œufs, ce qui ne paraît pas insurmontable », estime le producteur, doutant que la loi Egalim 2 puisse y parvenir. Il pointe aussi le risque de monopole d’un fournisseur de génétique – le groupe allemand qui a développé la technique la moins chère – et de distorsions de concurrence avec les autres pays européens. En effet, seule l’Allemagne s’est engagée sur cette voie comme la France. À l’heure où Paris va prendre la présidence tournante de la Commission européenne, l’UGPVB section œuf plaide pour que cette mesure s’applique à tous les États membres. Isabelle Lejas

(1) Imagerie spectrale et dosage. (2) Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne.

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